Le Niger, enclavé en Afrique de l'Ouest, fait face à des défis économiques, politiques et climatiques, mais connaît un développement prometteur de ses entreprises émergentes. Grâce à des initiatives locales, régionales et internationales, de nouveaux acteurs économiques commencent à transformer le paysage entrepreneurial du pays. Pour comprendre cette dynamique, il est essentiel de regarder de plus près les principales forces qui façonnent l'économie du Niger et les opportunités qui s'offrent aux entrepreneurs.
L'économie nigérienne repose principalement sur l'agriculture, qui représente environ 40 % du PIB. Toutefois, cette agriculture, vulnérable aux changements climatiques, limite la stabilité de la croissance. En complément, les secteurs de l'extraction, notamment l'uranium et le pétrole, contribuent aux revenus du pays, mais restent sensibles aux fluctuations des prix mondiaux. Cette dépendance à des secteurs traditionnels, bien qu’importante, ne suffit pas à absorber la population jeune et croissante, avec une médiane d’âge inférieure à 16 ans. Cette jeunesse, bien que posant des défis en termes d'emploi, incarne aussi une opportunité pour l’innovation entrepreneuriale.
Face à ces enjeux, le gouvernement du Niger et ses partenaires internationaux ont mis en place plusieurs initiatives pour encourager l’entrepreneuriat. Parmi ces initiatives figure le Programme de Promotion de l’Entreprenariat Local (PROMEL), qui soutient les PME dans les régions de Dosso et Maradi. Ce programme cible particulièrement les jeunes et les femmes, en leur offrant des formations, des outils financiers adaptés et un accès aux technologies de l'information. Plusieurs autres structures, comme la Chambre de Commerce et d'Industrie (CCIN), la Maison de l’Entreprise, ou encore des incubateurs tels que CIPMEN et l’incubateur de l’Université, apportent un appui technique et financier aux entrepreneurs. Par ailleurs, des mécanismes de financement, tels que le Fonds National d'Appui aux PME/PMI (FONAP), jouent un rôle crucial dans le financement des jeunes, des femmes et des populations vulnérables, souvent exclues des circuits bancaires traditionnels.
En ce qui concerne les secteurs porteurs, l'agriculture reste une priorité pour les entrepreneurs nigériens. Avec des terres arables vastes et des ressources hydrauliques importantes, le pays dispose d’un potentiel inexploité dans des cultures comme l'oignon, le sésame et la gomme arabique, des produits très prisés sur les marchés internationaux. Outre l'agriculture, des secteurs tels que les technologies de l'information et de la communication (TIC) prennent également de l'ampleur. Avec l'augmentation de l'accès à Internet et aux smartphones, des startups dans le commerce électronique, les services mobiles et l'éducation numérique émergent, créant un environnement favorable à l'innovation. De plus, le Niger bénéficie d'un fort potentiel solaire, attirant les entreprises vers les énergies renouvelables, particulièrement dans les zones rurales. Les mines et les ressources naturelles, notamment l'uranium, continuent aussi d'attirer des partenariats internationaux pour l'exploration et l'exploitation, renforçant ainsi le dynamisme économique du secteur.
Pour soutenir ces entreprises émergentes, plusieurs mécanismes de financement existent. Le Fonds d’Investissement pour la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle, par exemple, promeut les investissements dans le domaine de la sécurité alimentaire et du développement agricole. Des institutions comme 2MInvest et SINERGI facilitent également l'accès aux financements pour les entreprises en phase de démarrage ou de croissance. La Société Sahélienne de Financement (SAHFI) joue un rôle important en proposant des solutions adaptées aux PME, et le microcrédit, en pleine expansion, est particulièrement crucial pour les femmes et les jeunes, leur offrant une alternative aux prêts bancaires traditionnels. Ces mécanismes de financement sont essentiels pour soutenir le développement entrepreneurial du pays.
Sur le plan international, le Niger renforce ses partenariats économiques, comme en témoigne la mission de plus de 30 entreprises tunisiennes à Niamey en 2024. Cette coopération, axée sur l’agriculture, l’énergie et la finance, vise à intégrer les entreprises nigériennes dans les chaînes de valeur internationales, tout en encourageant les transferts de technologies et de compétences.
Bien que des progrès aient été réalisés, certains défis demeurent. L’accès au financement, bien qu’en amélioration, reste un obstacle pour de nombreuses petites entreprises. Les jeunes et les femmes, en particulier, nécessitent un soutien financier plus large pour développer leurs projets. En outre, malgré les efforts pour stabiliser l'environnement économique, le contexte politique global peut parfois engendrer des défis temporaires. Enfin, en matière d’infrastructures, bien que des projets d'envergure comme le pipeline Niger-Bénin soient désormais achevés, et d'autres, comme la construction d'une raffinerie à Dosso et l'exploitation des blocs d'Agadem, soient en cours, certaines régions du pays ne bénéficient pas encore pleinement de ces avancées, notamment en ce qui concerne les réseaux d'eau, d'électricité et de transport dans les zones rurales.
Aujourd'hui, les entreprises émergentes jouent un rôle central dans la diversification de l'économie nigérienne, historiquement dominée par les industries extractives. En créant des emplois, en introduisant de nouvelles technologies et en stimulant les exportations, elles constituent une véritable force motrice pour une croissance plus inclusive et durable, ouvrant ainsi des perspectives nouvelles pour le développement du pays.
